A fond la course à l'image
L'image des productions animales est souvent mise à mal. La dynamique en élevage s'en ressent. Reste à trouver les leviers de la relance dont pourront profiter toutes les filières.
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Quand les clients n'ont pas le moral, les marchés peinent. Or, le moral des éleveurs français est moins bon que celui de beaucoup de leurs homologues européens. Ainsi, si les agriculteurs allemands s'avouent confiants en l'avenir, selon Trendmonitor, le baromètre semestriel de l'association des fermiers allemands (DLG), et si les Britanniques reprennent le dessus, ce n'est le cas, ni en Pologne ou le moral est assez morose, ni surtout en France. Ils sont les plus nombreux à ne pas attendre de croissance d'activité. Selon les analystes de la DLG, les discussions sur la politique agricole en France, et la redistribution des paiements directs auraient éclipsé en début d'année la situation favorable des marchés agricoles...
Les producteurs de lait de l'Hexagone seraient quand même 30 % à vouloir investir. Mais cette proportion est bien inférieure aux 61 % en Allemagne et 41 % en Grande-Bretagne. Les éleveurs de porcs français ne sont, quant à eux, que 22 % à penser investir, contre 59 % de leurs confrères en Allemagne et 50 % en Grande-Bretagne. Outre la situation des marchés, et les contraintes administratives (principalement celles liées à l'environnement), l'un des freins à la dynamique de la production reste l'image défavorable des productions animales.
Faire le bilan pour repartir en positif
Plusieurs cercles professionnels s'intéressent donc à la perception de l'alimentation et/ou des productions animales dans le grand public. On attend ainsi pour décembre le rapport du groupe de travail du Conseil national de l'Alimentation (CNA) sur la prévention des crises alimentaires dans la société civile et la construction d'une communication fiable sur l'alimentation. Lancée en 2012, la réflexion porte largement sur les produits animaux, car la crise de la vache folle reste emblématique des crises alimentaires. Le CNA avait d'ailleurs l'an dernier pointé combien les consommateurs français étaient encore réticents à l'idée d'un retour des coproduits animaux dans l'alimentation des animaux d'élevage. Autre cadre, les filières elles-mêmes. Ainsi, Réséda est à la fois une plate-forme d'échanges abordant de manière transversale et globale les sujets relatifs aux denrées animales et un réseau de réflexion et de veille stratégique permettant à ses membres d'anticiper les enjeux à venir des filières animales. Depuis l'année dernière, la structure a initié un travail important sur l'image des filières animales au sein de sa cellule prospective dont les résultats sont également attendus à la fin de l'année.
Une thèse sur les controverses
Idem à l'Aftaa, l'association de formation a réalisé une enquête à laquelle ont répondu quelque 300 élèves ingénieurs : les productions animales ne les attirent pas malgré les opportunités qu'elles offrent et les entreprises peinent à recruter.
Enfin, les instituts techniques (Itele, Ifip, Itavi) se sont regroupés pour financer une étude de fond qui, démarrée il y a deux ans, va se poursuivre par une thèse Cifre (Convention industrielle de formation par la recherche) sur les controverses portant sur l'élevage, leur impact sur son image dans le grand public, et leur portée à l'échelle locale. Ce qui expliquerait, notamment, les réticences face à l'extension ou l'implantation de nouveaux élevages. « L'élevage porcin est aussi remis en cause sur trois axes : l'environnement, le bien-être animal et la santé avec le double aspect des antibiotiques et des risques de transmission de maladies », résume Elsa Delanoue, doctorante en sociologie.
Les syndicats poussent à la com'
Lors de leur conférence de presse de rentrée, le 10 septembre, Coop de France Nutrition animale et le Snia ont ainsi présenté leur nouveau kit de communication. Il se compose d'un livret de douze pages téléchargeables sur leurs deux sites internet, d'un film de 2 min et de sept kakémonos détaillant les étapes de fabrication d'un aliment. Il est destiné aux usines d'aliments (280 en France) désireuses de communiquer vers le grand public sur le fonctionnement d'une usine et le processus de fabrication des aliments. Ces outils s'inscrivent dans la continuité des actions conduites par Nutrinoë, en Bretagne, depuis deux ans. L'association des industriels bretons avait d'ailleurs choisi de communiquer sur les externalités positives de l'alimentation animale, lors de son assemblée générale, même si celle-ci s'est trouvée décalée de juin à septembre en raison de l'appel à manifestation des faucheurs volontaires. Jacques Mourot de l'Inra y rappelait que « la nutrition animale est un levier fort pour l'équilibre alimentaire et donc la santé de l'homme ». Au-delà des oméga trois, le taux de fer des viandes et des abats, le profil en matières grasses des produits animaux comme l'apport d'antioxydants et de minéraux dans nos assiettes sont liés à l'alimentation des animaux. Ce que les industriels veulent faire savoir.
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